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Leçons tirées d'une année de formation en ligne à la Securitas Academy

Lorsque le confinement est entré en vigueur en mars de l’année dernière, Securitas Academy a dû tout mettre en œuvre pour que les formations obligatoires destinées aux (candidats) agents de gardiennage puissent se poursuivre. Plus d’un an après, nous revenons sur cette période mouvementée avec Christophe Van Eesbeek, alors que nous nous orientons vers un avenir hybride.

Securitas, qui emploie plus de 6600 personnes, n’a guère besoin d’être présentée. La Securitas Academy, en revanche, est moins connue du grand public. « Nous sommes l’école de formation interne de Securitas Belgique, mais également un centre de formation externe pour d’autres entreprises », souligne Christophe Van Eesbeek, directeur de Securitas Academy. « Nous proposons les formations obligatoires en vertu de la loi Jambon, tant en matière d’accès au métier pour les agents de gardiennage que de cours de formation avancée. En outre, il existe des formations aux security skills, par exemple sur la manière de gérer une agression, l’identification de la radicalisation, etc. Une troisième catégorie est celle des soft skills, telles que l’orientation client, la communication… Et enfin, nous offrons des formations safety ouvertes à tous, les deux plus importantes étant celles aux gestes de premiers secours et aux réactions à adopter en cas d’incendie. »

Avant l’apparition du Coronavirus, la Securitas Academy accueillait environ 25 000 étudiants par an. La quasi-totalité d’entre eux suivaient leur formation en salle de classe. Il était déjà prévu de commencer à digitaliser davantage, même si pour certains modules – les premiers secours par exemple – ce n’est pas évident. Pour les cours légalement réglementés, l’académie doit également se conformer à la loi Jambon, qui n’autorise l’enseignement via un programme en ligne que pour un certain nombre de matières.

Digitalisation en urgence

Le 13 mars 2020, le premier confinement complet a été instauré. « Nous avons dû immédiatement annuler toutes les formations, mais nous nous sommes aussi immédiatement attelés à la digitalisation de la formation initiale réglementaire – le « bloc 1 », comme nous l’appelons. En raison de la pandémie, nous avons été autorisés à nous écarter des exigences légales et à présenter la formation d’entrée entièrement en format e-learning. Pendant trois jours, en collaboration avec une société de production, nous avons réalisé des films avec des instructeurs certifiés. Trois semaines après le début du confinement, nous avons commencé les premiers cours en ligne. »

Les vidéos étaient regroupées sur une plateforme en ligne, chacune d’entre elles comportant une ou deux questions de connaissance. Cette plateforme comprenait également un forum pour les questions et les réponses. Les instructeurs ont également offert un soutien en ligne ou par téléphone lorsque c’était nécessaire. La formation complémentaire obligatoire – « bloc 2 » – a été réalisée en partie via Teams et en partie en présentiel pour les disciplines où cela était légalement requis. Les formations en security skillssoft skills et safety ont été pratiquement suspendues depuis lors.

Tout le monde n'était pas prêt

« Ce qui est ressorti immédiatement, c’est que tout le monde n’était pas prêt à suivre des cours en ligne. Les étudiants plus âgés, en particulier, ont souvent du mal à s’y retrouver », explique Christophe Van Eesbeek, concernant les obstacles qu’il a rencontrés il y a un an.

« De plus, poursuit-il, le Selor n’était pas prêt à organiser des examens en ligne, et a indiqué qu’il ne serait pas en mesure de le faire avant six mois. Par conséquent, les étudiants ne pouvaient de toute façon pas commencer à travailler comme agents de gardiennage. Nous avons ensuite reçu l’autorisation du ministère de l’Intérieur pour faire passer des examens, ce que nous avons fait de manière individuelle par vidéoconférence. »

Taux de réussite

Les étudiants ont-ils aussi bien réussi pendant la période d’enseignement à distance obligatoire qu’avant ? La réponse comporte deux facettes, semble-t-il. « Lors des premières sessions, nous avons vu que les taux de réussite n’étaient pas aussi élevés qu’avant le confinement. C’est parce que nous n’avions pas fourni de coaching préparatoire avant l’examen, ce que nous faisions auparavant. Lorsque nous l’avons réintroduit, via Teams, les taux de réussite sont revenus au même niveau », explique Christophe Van Eesbeek.

« Mais si la question est de savoir si quelqu’un est aussi bien formé aujourd’hui qu’avant l’apparition du Coronavirus, la réponse est ‘non’. Prenons par exemple les premiers soins : avant le confinement, pour l’examen, les étudiants devaient pratiquer un massage cardiaque sur un mannequin, alors qu’aujourd’hui, ils doivent seulement expliquer comment procéder. Même s’ils peuvent décrire parfaitement la procédure, ce n’est pas la même chose que de la pratiquer réellement. Aussi, je doute que la qualité d’un massage cardiaque réalisé par un étudiant qui obtient une note aussi élevée aujourd’hui qu’un autre qui a passé son examen en 2019 soit la même… »

Christophe Van Eesbeek précise toutefois immédiatement qu’à plus long terme, cette situation sera corrigée : il a déjà été décidé au sein du SPF Emploi que les cours de formation complémentaire obligatoires devront être cent pour cent orientés vers la pratique. Le problème ne se posera donc bientôt plus.

« Certains étudiants s’entraident sur le forum en ligne. Ce n’est pas la même interaction qu’à la machine à café, mais cela crée un sentiment d’appartenance. L’avenir, c’est d’avoir un système hybride. »

– Christophe Van Eesbeeck

Adaptation des projets

« Ce qui était déjà prévu avant la pandémie afin de mettre en place un enseignement hybride a été adapté à la suite de cette expérience », ajoute Christophe Van Eesbeek. D’une part, pour des raisons très pratiques : tout le monde ne dispose pas d’un ordinateur portable, le suivi administratif des indemnités kilométriques est complexe, et il est nécessaire de clarifier le salaire versé lorsqu’une personne suit une formation en e-learning, par exemple – combien d’heures de travail cette personne y consacre-t-elle ? Il faut également attendre de voir ce que le gouvernement proposera.

« Mais si l’on ne considère que l’aspect pédagogique », dit-il, « je pense que les formations d’une journée se poursuivront en présentiel, en raison de la partie pratique qui est toujours bénéfique, tandis que les formations de plusieurs jours pourront se dérouler partiellement en ligne et partiellement en classe. Je pense également que nous devrions donner le choix aux employés. Pour la formation complémentaire obligatoire des agents de gardiennage, par exemple, nous inscrivons désormais tout le monde à la formation via Teams, bien que nous leur donnions tous la possibilité de suivre un cours de formation en présentiel à la place. Nous organisons maintenant une vingtaine de ces sessions par mois, et deux d’entre elles, une dans chaque langue nationale, se déroulent en classe. »

Selon Christophe Van Eesbeek, l’un des principaux avantages d’une conjonction des deux est que vous pouvez combiner le meilleur des deux mondes. Il y a la commodité de l’apprentissage à distance, combinée à l’interaction et à l’aspect social d’un cours en classe. « Par exemple, nous remarquons une réticence à poser des questions pendant un cours en ligne. Ce que nous faisons maintenant, c’est dire aux étudiants qu’ils peuvent poser leurs questions, mais qu’ils peuvent aussi les garder jusqu’à la prochaine session en présentiel. Parallèlement, nous remarquons que d’autres sont plus ouverts à ce concept, et s’entraident par exemple sur le forum en ligne de notre plateforme. Ce n’est pas la même interaction qu’à la machine à café, mais cela crée un sentiment d’appartenance. L’avenir, c’est d’avoir un système hybride.

Leçons tirées d'une année de cours en ligne

  • Fournissez des conseils supplémentaires aux instructeurs, même s’ils excellent dans l’enseignement classique.
  • Tenez compte du public cible : tout le monde ne sait pas comment se connecter à une plateforme, tout le monde ne dispose pas d’un ordinateur portable.
  • Laissez le choix aux employés : préfèrent-ils suivre la formation en ligne, à leur propre rythme, ou préfèrent-ils venir en salle de cours.
  • Concluez des accords clairs avec les employés et les partenaires sociaux sur la manière dont le temps de formation est remboursé.

Source: HR Square, Timothy Vermeir